Boutique Shoreditch Londres

Dans les vitrines de Shoreditch

Shoreditch est un petit peu à Londres ce que le onzième arrondissement est à Paris : un ancien quartier populaire et ouvrier, devenu très à la mode, surtout parmi une population artistique.

Une ambiance à la fois tendance et désuette règne sur ce quartier à la cool qui réussit à remettre à la mode du jour les vêtements de seconde main d’autrefois.

Les graffs recouvrent les murs de briques autour de Redchurch street et Whitby street, on fait pousser des fruits et légumes en pleine ville au Spitalfields city farm, et le soir, on s’en donne à cœur joie dans les nombreux food courts du coin dont le Old Spitalfields market ou encore chez Dinerama. De quoi déguster une bonne bière en goutant à la cuisine du monde.

Le dimanche, on peut se rendre au très populaire marché de fleurs de Columbia Road, avant de, pourquoi pas, se faire un café et un cinéma au Barbour & Parlour, dont le bâtiment en brique reflète à lui tout seul l’évolution du quartier.

Car une balade dans Shoreditch équivaut (un peu), à un voyage dans le temps entre entrepôt du dix-huitième siècle, boutiques hipsters d’aujourd’hui et gratte-ciels du futur.

Historiquement, Shoreditch était un quartier agricole, bien qu’il connut dès le seizième siècle un important développement par la construction des premiers théâtres de la ville (notamment le Theatre en 1576 et le Curtain Theatre en 1577). Shakespeare y donnera même sa première représentation de Roméo et Juliette (ceux qui ont vu le film « Shakespeare in love » auront en tête les quelques images holywoodiennement pittoresques du quartier et de la vie théâtrale).

De cette époque, il ne reste plus grand chose, si ce n’est une mauvaise réputation qui suivra le quartier pendant plusieurs siècles: celle d’un coupe-gorge tumultueux. On n’est, après tout, pas si loin du quartier de Whitechapel et des rues de Thrawl Street, Wentworth Street et Osborn Street, théâtre des meurtres du célèbre Jack l’Eventreur. C’est d’ailleurs au Shoreditch Town Hall que s’est tenue l’enquête concernant le meurtre de Mary Kelly, dernière victime du meurtrier et pour laquelle une cérémonie s’est tenue au Leonard Church. Une procédure bien vaine, puisque le suspect n’a jamais daigné se montrer, son existence restant à ce jour un mystère complet.

Charles Dickens fera aussi quelques balades (heureusement moins violentes) dans les rues du coin , Shoreditch (ainsi que le quartier de Spitalfields) faisant de nombreuses apparitions dans ses oeuvres. Shoreditch est ainsi décrite dans Oliver Twist comme un « vrai tumulte« , où les habitants, « bandes d’ouvriers se rendant à leur travail, des hommes et des femmes portant sur la tête des paniers de poisson, de petites charettes de légumes trainées par des ânes, des voitures à bras pleines de viande, des laitières avec leur seaux » et « une file continuelle de gens se dirigeant avec des marchandises de toute sorte vers les faubourgs à l’est de la capitale » vaquent à leurs occupations dès le matin levé.

C’est qu’au tournant du dix-huitième siècle, de village agricole, Shoreditch est devenu un quartier industriel, grâce à l’ouverture du Regent Canal, et l’industrie a besoin de mains pour tourner. Fabriques, entrepôts de stockage et cheminées viennent peupler les rues de ce quartier spécialisé dans la fabrication de meubles et les ouvriers, immigrés pour la plupart, s’installent dans les vétustes maisons ouvrières.

Et si le Londres des bas-fonds victoriens n’existe plus, le Londres de l’industrie a en partie survécu. On en voit encore les traces par endroits notamment autour de Luke Street, Phipp Street et Leonard Street, où certains anciens entrepôts ont été reconvertis.

L’arrivée des industries a façonné la figure du quartier, et a encouragé l’ouverture de larges boulevards, tels que Great Eastern Street et Commercial Street, permettant la construction de magasins-entrepôts imposants servant de vitrines aux produits des industries locales (dont on trouve un bel exemple au 13 Curtain Road, et sur Shoreditch High Street autour St Leonard Church).

Les concepts stores industriels et leurs meubles design d’aujourd’hui n’ont finalement rien inventé.

Shoreditch est tombé en déshérence au milieu des années 1980s, les usines et entrepôts semblant abandonnés à leur triste sort. Mais bien rapidement, est arrivée une nouvelle population d’artistes, de restaurateurs et d’artisans, bien décidés à transformer la manne d’or immobilière de ces anciens bâtiments en ateliers, galeries d’art, boutiques vintage et food courts. Un cas d’école de la gentrification.

Aujourd’hui, le coeur du quartier s’est déplacé vers le sud, à Spitalfields, où les restaurants et boutiques branchées se concentrent principalement autour de Brick Lane, et entre les stations de métro Shoreditch High Street et Liverpool Street, à la limite de la City et du centre financier de la ville.

Car au milieu des entrepôts ont poussé les gratte-ciels. En descendant Brick Lane, et en tournant à droite sur Wenthworh Street (l’une des rues les plus dangereuses du Londres du dix-huitième), on longe tout un siècle de bâtiments en brique, seuls témoins de la vie de l’époque (et en particulier les merveilleux bâtiments du bar Le Culpeper et du Ten Bells Pub, et la belle rangée de maison située à l’angle de Wenthworth Street et Bell Lane) avec, en image de fond, les hauts bâtiments modernes de la City.

Un avant-goût de ce qui attend, peut-être, le Shoreditch et le Spitalfields du futur.

Et pour poursuivre la balade à Londres, direction le quartier de Notting Hill.

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